Les grands défis d’aujourd’hui

Δ  ψ Les théories d’unification

La Théorie du tout - Copyright issues.fr

L’une des ambitions les plus fondamentales de la physique est d’unifier toutes les « forces » de la nature en une seule théorie, souvent appelée théorie du tout.

Cette quête s’est intensifiée depuis le XXe siècle, avec la découverte de la Relativité Générale et de la Mécanique Quantique.

Ces deux piliers de la physique moderne, qui décrivent des aspects très différents de la réalité, sont fondés sur des principes apparemment incompatibles, mais cependant extrêmement bien vérifiés expérimentalement.

Une théorie d’unification permettrait une meilleure compréhension de l’Univers. Elle pourrait ainsi prédire de nouveaux phénomènes et résoudre des problèmes ouverts, comme ceux évoqués dans les pages relatives aux « Grands Défis » actuels de l’astrophysique: « La forme de l’univers »,  « La dissymétrie matière-antimatière », la nature de « La matière noire » et de « L’énergie sombre » , « La tension de Hubble », « Le destin de l’univers » et nature de « L’énergie du vide ». Elle résoudrait en particulier la problématique des singularités (densité / énergie infinie) au centre des trous noirs et au « point zéro » du Big Bang.

Voir également les pages « Atomes et particules »,  « Mouvements et gravitation » , « Du Big Bang à nos jours » et « Les trous noirs ».

    Historique et enjeux

    La théorie du tout (vidéo) - Copyright Zebroloss

    La Théorie du tout (vidéo) – © Zebroloss

    Vers l'unification des forces - Copyright universdessciences.wordpress

    Vers l’unification des forces – © universdessciences.wordpress

    Les premières tentatives d’unification remontent au XVIème siècle avec Newton qui unifia la mécanique céleste et la mécanique terrestre. Au siècle suivant, Maxwell unifia l’électricité et le magnétisme. Au XXe siècle, alors que le modèle standard décrit avec succès les trois interactions fondamentales (électromagnétique, faible et forte), la théorie électrofaible unifie l’électromagnétisme et l’interaction faible, . Cependant, la gravité, décrite par la Relativité Générale, reste à intégrer dans ce cadre.

    La vidéo ci-contre (Zebroloss) présente la problématique de cette quête à la Théorie du tout.

      Les principales théories d’unification

      Théorie des supercordes - Espace de Calabi-Yau

      Théorie des supercordes – Espace de Calabi-Yau

      Parmi les approches les plus prometteuses, nous nous intéresserons plus particulièrement à deux d’entre elles :

      • Les théories des cordes qui postulent que les particules élémentaires sont en réalité de minuscules cordes vibrantes. La version supersymétrique de la théorie, la théorie des supercordes, introduit des dimensions supplémentaires et des objets étendus appelés branes, ouvrant la porte sur les multivers. 
      • La gravitation quantique qui vise à « quantifier » la gravité, c’est-à-dire à la décrire dans le cadre de la Mécanique Quantique. Plusieurs approches existent, comme la gravité quantique à boucles, qui propose une structure discrète de l’espace-temps.

        Les théories des cordes :

        La théorie des cordes - Copiright ScienceEtonnante

        Les principes de la théorie des cordes (vidéo) – © ScienceEtonnante

        Types de cordes - Copyright Jean-Pierre Luminet-Luminesciences

        Types de cordes – © Jean-Pierre Luminet-Luminesciences

        La théorie des cordes initiale, est née dans les années 1960 pour décrire les interactions fortes.  Mais ce sont ses évolutions, avec les supercordes, dans les années 1970, qui se sont imposées parmi les candidates les plus prometteuses pour une théorie du tout.

        Les principes de base :

        La théorie des cordes postule que les particules élémentaires ne sont pas des points mais de minuscules cordes vibrantes extrêmement petites. La taille minimale d’une corde est la taille de Planck (1,6 10-35m). Plus une corde vibre, plus elle a besoin d’énergie et plus sa masse est importante. Ces cordes peuvent être fermées ou ouvertes. Les cordes fermées sont généralement associées aux particules de force (bosons) alors que les cordes ouvertes sont plutôt associées aux particules de matière (fermions). Chaque mode de vibration correspond à une particule différente, incluant le graviton, la particule médiatrice de la gravitation.

        La vidéo ci-contre (ScienceEtonnante) explicite les principes de base des théories des cordes.

        Les grands noms :
        Gabriele Veneziano (Collège de France)

        Gabriele Veneziano (Collège de France)

        Edward Witten (Harvard)

        Edward Witten (Harvard)

        Leonard Susskind (Stanford)

        Leonard Susskind (Stanford)

        Juan Maldacena (Princeton)

        Juan Maldacena (Princeton)

        Cumrun Vafa (Harvard)

        Cumrun Vafa (Harvard)

        Gabriele Veneziano, John Schwarz et Michael Green sont souvent cités comme les pionniers de la théorie des cordes. Leurs travaux ont posé les bases de la théorie dans les années 1970.

        Puis des physiciens comme Edward Witten, Joseph Polchinski et Leonard Susskind ont joué un rôle crucial dans le développement de la théorie des supercordes et de ses applications. Edward Witten a notamment reçu la médaille Fields pour ses contributions à cette théorie.

        Aujourd’hui de nombreux chercheurs poursuivent les travaux de leurs prédécesseurs. Leurs noms sont moins connus du grand public, mais on peut citer par exemple:

        Juan Maldacena (Princeton), physicien argentin réputé pour la « conjecture AdS/CFT », une correspondance profonde entre la théorie des cordes et les théories quantiques des champs, qui a ouvert de nouvelles perspectives en physique théorique.

        Cumrun Vafa (Harvard), physicien irano-américain, théoricien de premier plan, connu pour ses travaux sur la théorie des cordes, la géométrie algébrique et la théorie des champs conforme.

        En France, des institutions comme le CNRS, l’Institut de Physique Théorique (IPhT), l’École Polytechnique et l’Université Paris-Saclay, abritent des équipes de recherche de renommée internationale.

        La théorie des cordes initiale :
        La théorie des cordes - Copyright Agence-Science-Presse

        La Théorie des cordes – © planete.gaia

        Du Modèle Standard vers la Théorie des cordes - Copyright planete.gaia

        Du Modèle Standard vers la Théorie des cordes – © planete.gaia

        Cette première version de la théorie, aussi appelée théorie des cordes bosoniques, ne contenait que des bosons, particules élémentaires associées aux forces, mais aucune particule de matière (fermions).

        D’autre part cette théorie faisait apparaître une nouvelle particule : le tachyon. Cette dernière présentait cependant une incompatibilité avec la Relativité Générale: sa vitesse serait supérieure à celle de la lumière.

        Par ailleurs cette première théorie nécessitait l’existence de 26 dimensions, les 4 dimensions de l’espace-temps plus 22 dimensions supplémentaires « cachées ».

        Ces trois difficultés majeures ont ensuite été gommées par l’émergence d’une nouvelle version basée sur la supersymétrie.

        Δ  La théorie des supercordes :
        La théorie des cordes - Copyright ScienceClic

        Les concepts de la théorie des cordes (vidéo) – © ScienceClic

        La supersymétrie - Copyright 123rf.com

        La supersymétrie – © 123rf.com

        Théorie des cordes - Espace de Calabi-Yau (gauche) et autres espaces possibles sur les autres dimensions(droite) - Copyright TrustMyScience-Graphene

        Théorie des cordes – Espace de Calabi-Yau (gauche) et autres espaces possibles sur les autres dimensions(droite) – © TrustMyScience-Graphene

        De la théorie des supercordes à la théorie M - Copyright ScienceClic

        De la théorie des supercordes à la théorie M – © ScienceClic

        Il s’agit de l’extension de la théorie des cordes, développée dans les années 1970, qui introduit un nouveau concept : la supersymétrie (ou Susy). Cette dernière associe chacune des particules de matière (fermions) et de force (bosons) du modèle standard (cf la page « Atomes et particules ») à une particule supersymétrique équivalente mais de spin différent. Ces couples de particules sont appelés « superpartenaires ».

        La vidéo ci-contre (ScienceClic) précise les différents concepts de la théorie.

        Cette théorie résout plusieurs difficultés de la théorie des cordes initiale:

        – la particule tachyon de la théorie initiale, qui n’a pas de superpartenaire dans la théorie des supercordes, n’existe pas dans cette dernière,

        – le nombre de dimensions diminue de 22 à 10. Les 6 dimensions supplémentaires par rapport aux 4 dimensions de la Relativité Générale peuvent être vues comme des dimensions finies « repliées » sur elles-mêmes dans des espaces dits de Calabi-Yau (voir figure ci-contre). Ces dimensions supplémentaires détermineraient les modes vibratoires des cordes.

        – la théorie des supercordes améliore également la stabilité de la théorie.

        En fait 5 variantes de cette nouvelle théorie ont été développées dans les années 1080-95. Celles-ci sont équivalentes et se différencient par les caractéristiques des modes vibratoires ainsi que par des symétries légèrement différentes.

        En 1995, ces 5 variantes ont été unifiées par le physicien Edward Witten dans la théorie M. Celle-ci fait appel à 11 dimensions ainsi qu’au concept de « branes« . Les branes sont des objets étendus, comme des membranes, sur lesquels les cordes peuvent être attachées ou se déplacer. Notre univers pourrait ainsi être considéré comme une brane à quatre dimensions (trois spatiales et une temporelle) flottant dans un espace à plus de dimensions. Seules les cordes ouvertes seraient liées à notre brane. Le graviton, lui, pourrait être une corde fermée et ainsi ne pas être attaché à notre espace-temps, mais à un espace plus large constitué de plusieurs branes, plusieurs espace-temps, l’espace de bulk. La notion de branes ouvre donc sur des univers parallèles, chacun étant situé sur une brane différente. Nous sommes là dans le Multivers.

        Succès et défis :

        La théorie des cordes a connu des succès notables : elle offre une description quantique de la gravitation; elle unifie toutes les forces fondamentales et elle prédit l’existence de dimensions supplémentaires.

        Cependant, elle fait face à de nombreux défis : aucune expérience n’a encore confirmé les prédictions de cette théorie; la théorie admet un paysage de solutions extrêmement vaste, rendant difficile l’identification du modèle correct; la théorie nécessite un formalisme mathématique complexe et peu intuitif.

        Perpectives :
        Détecteur de particules - CERN

        Détecteur de particules – © CERN

        Malgré ces défis, la théorie des cordes reste un domaine de recherche actif.

        Sa validation expérimentale pourrait notamment provenir des accélérateurs de particules du CERN comme le LHC (Large Hadron Collider) ou bientôt le FCC (Future Circular Collider).

        Les physiciens explorent également de nouvelles approches, comme la correspondance AdS/CFT, pour relier la théorie des cordes à des systèmes physiques observables.

        Les progrès en cosmologie et en physique des hautes énergies pourraient également fournir des indices précieux pour tester cette théorie.

          La théorie de la gravité quantique à boucles :

          La Gravité quantique à boucles - Copyright ArtsHebdoMedias

          La Gravité quantique à boucles – © ArtsHebdoMedias

          La gravité quantique à boucles (ou LQG : Loop Quantum Gravity) propose une discrétisation de l’espace-temps, quantifiant ainsi la gravité. Cette théorie offre une approche radicalement différente de la gravitation. C’est l’une des théories les plus prometteuses dans la quête de l’unification de la Relativité Générale et de la Mécanique Quantique.

          Δ  Principes de base :

          La gravité quantique à boucles (vidéo 1) - Jean-Pierre Luminet

          Ψ  La gravité quantique à boucles (vidéo 1) – © Jean-Pierre Luminet

          La gravité quantique à boucles (vidéo 2) - Jean-Pierre Luminet

          Ψ  La gravité quantique à boucles (vidéo 2) – © Jean-Pierre Luminet

          Au cœur de la LQG, l’espace-temps n’est plus une toile de fond continue, mais une structure discrète composée de « quanta » d’espace-temps.

          Ces quanta sont d’une dimension infime en regard des atomes (taille minimum = longueur de Planck, 1,6 10-35m).

          De façon extrêmement simplifiée, chacun de ces « grains » élémentaires d’espace-temps est caractérisé par une valeur de « spin ». Les quanta forment des « boucles » de spins identiques. Ces boucles sont imbriquées dans une structure en réseau.

          Ces réseaux se transforment en fonction de la gravité. Par exemple, lors d’une très forte gravité, comme c’est le cas dans un trou noir, ou aux tout premiers instants du Big Bang (<10-36 seconde), ces réseaux se contractent jusqu’à la densité maximum admise par la théorie, la densité de Planck (5 1096 kg/m3). Cette densité ne peut donc être infinie. Et le volume associé ne peut être nul du fait de la taille minimum des quanta d’espace-temps. Les singularités au centre des trous noirs ainsi qu’au « point zéro » du Big Bang sont donc supprimées.

          Pour plus de détail, dans les deux vidéos ci-contre « La gravité quantique à boucles (vidéo 1) » et « La gravité quantique à boucles (vidéo 2)« , Jean-Pierre Luminet, astrophysicien au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM), retrace la genèse de la gravité quantique à boucles et en précise les concepts fondamentaux.

          Les grands noms :

          Abhay Ashtekar (université de Pennsylvanie)

          Abhay Ashtekar (université de Pennsylvanie)

          Carlo Rovelli (université d'Aix-Marseille)

          Carlo Rovelli (université d’Aix-Marseille)

          Lee Smolin (université de Toronto)

          Lee Smolin (université de Toronto)

          Martin Bojowald - (université de Pennsylvanie)

          Martin Bojowald – (université de Pennsylvanie)

          Aurélien Barrau (université de Grenoble-Alpes)

          Aurélien Barrau (université Grenoble-Alpes)

          Les fondations de la LQG ont été posées dans les années 1980. De nombreux physiciens et mathématiciens de renom ont participé, et participent encore, au développement de cette théorie.

          Nous pouvons citer par exemple:

          Abhay Ashtekar: Physicien indien. Il a reformulé la Relativité Générale d’une manière qui a facilité la quantification.

          Carlo Rovelli: Physicien théoricien italien, il est l’un des fondateurs de la gravité quantique à boucles et a écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation très appréciés sur le sujet.

          Lee Smolin: Physicien théoricien canadien. Il est également l’un des pionniers de la gravité quantique à boucles et a beaucoup travaillé sur les implications cosmologiques de cette théorie.

          Carlo Rovelli et Lee Smolin ont ensuite développé la théorie des boucles de spin, utilisée au sein de la LQG et qui décrit la structure de l’espace-temps à petite échelle à l’aide des « réseaux de spin ».

          Martin Bojowald: Physicien allemand. Il a appliqué la gravité quantique à boucles à la cosmologie et a étudié les implications de cette théorie pour la compréhension de l’univers primordial.

          Aurélien Barrau: Physicien et philosophe français. Il a notamment travaillé sur les modèles cycliques de l’univers, où le Big Bang serait remplacé par un « Big Bounce », un rebond cosmique.

          Aurélien Barrau et Carlo Rovelli ont également collaboré dans l’étude d’une des prédictions de la LQG : les rayonnements issus du rebond des micro-trous noirs primordiaux (voir ci-dessous).

          Δ  Succès et défis :

          Univers cyclique - oscillating universe - conformal cyclic cosmology

          Cycle d’univers séparés par des Big Bounces – conformal cyclic cosmology

          Du trou noir au trou blanc - Copyright ca-se-passe-la-haut.fr

          Du trou noir au trou blanc – © ca-se-passe-la-haut.fr

          Gravité quantique à boucle - Illustration de la structure de l'espace - Carlo Rovelli

          Gravité quantique à boucle – Illustration de la structure de l’espace – © Carlo Rovelli

          Trou noir - Le paradoxe de l'information (illustration) - NASA

          Trou noir – Le paradoxe de l’information (illustration) – © NASA

          La LQG a connu plusieurs succès, notamment :

          La résolution des singularités: Comme nous l’avons vu plus haut, la théorie offre une description de l’espace-temps au niveau de Planck qui évite les singularités au cœur des trous noirs et au point zéro du Big Bang. Ce résultat a notamment deux impacts majeurs:

          • La disparition du Big Bang ?

          La disparition de la singularité initiale du Big Bang conduirait donc à envisager que le Big Bang n’est peut-être pas le début absolu de l’univers mais plutôt une transition entre un univers antérieur qui a subi un effondrement gravitationnel et s’est contracté jusqu’à son volume minimum pour rebondir dans une nouvelle expansion qui a donné lieu à « notre » univers observé aujourd’hui. Cette transition est appelée « Big Bounce ». On pourrait alors imaginer un cycle d’univers successifs séparés par des Big Bounces. La théorie prévoit cependant qu’une grande partie des informations relatives au précédent univers disparaitraient dans la transition, nous masquant ainsi partiellement l’avant-Big Bounce. Mais quelques informations quantiques, ainsi que des ondes gravitationnelles, pourraient cependant transiter par le Big Bounce et nous procurer alors une certaine « vision » de l’univers précédent.

          • Les étoiles de Planck

          De manière équivalente, dans un trou noir toute matière qui passe l’horizon des évènements est irrémédiablement attiré vers le centre de celui-ci. D’après la LQG la densité maximale pouvant être atteinte au centre du trou noir étant bornée, l’effondrement gravitationnel d’un « trou noir stellaire » (formé à partir d’un étoile massive en fin de vie) conduirait à un objet de densité maximale (densité de Planck) appelé « étoile de Planck« , avant de rebondir dans une gigantesque explosion. Cette dernière éjecterait alors de la matière / énergie dans l’univers à l’image d’une « fontaine blanche« , ou « trou blanc« , en restituant toute l’information précédamment « cahée » dans le trou noir initial. Compte tenu de la courbure extrême de l’espace-temps dans l’étoile de Planck, le processus de désintégration du trou noir paraitrait durer plusieurs millions d’années pour un observateur externe, alors que sa vraie durée (« durée propre ») serait de l’ordre d’une milliseconde. Ce processus serait donc inobservable à notre échelle.

          Pour ce qui est des « trous noirs primordiaux » de taille millimétrique, créés dans les premiers instants de l’univers, la LQG prévoit que leur explosion après rebond devrait fournir à la fois des sursauts radio (FRB: Fast Radio Bursts) et gamma qui devraient, eux, être aujourd’hui observables. Aucune trace de ces rayonnement gamma spécifiques n’a, à ce jour, été relevée, mais des FRB ont été détectés dès 2007. Cependant ces observations restent débattues dans la communauté scientifique.

          (voir également la page « Les trous noirs »)

          Le paradoxe de l’information résolu ?

          Initialement, l’idée d’un trou noir comme un « aspirateur cosmique » qui engloutit tout sans laisser de trace posait un problème majeur : qu’advient-il de l’information contenue dans la matière qui tombe dans un trou noir ? Cela semblait violer un principe fondamental de la Mécanique Quantique selon lequel l’information ne peut pas être détruite.

          La LQG suggère que l’information qui tombe dans un trou noir n’est pas complètement perdue mais serait encodée dans la configuration des boucles à la surface de l’horizon. Ainsi, l’information ne serait pas détruite mais simplement rendue inaccessible de l’extérieur.

          La structure granulaire de l’espace-temps est décrite de façon fine par la LQG. Cependant l’analyse des rayons gamma issus de sursauts gamma lointains questionne cette structuration. En effet ces photons très énergétiques devraient être modifiés (longueur d’onde, polarité) par ces innombrables graines d’espace-temps qu’ils traversent au cours de leur long parcours. Or cette prédiction de la LQG n’est à ce jour pas encore confirmée par l’observation.

            Δ Perspectives :

          Fond diffus cosmologique - ESA-Planck

          La structure quantique de l’espace-temps (illustration) – © AgoraVox

          La structure quantique de l'espace-temps (illustration) - Copyright AgoraVox

          La structure quantique de l’espace-temps (illustration) – © AgoraVox

          Sursaut gamma - Copyright Futura

          Sursaut gamma – © Futura

          Fluctuations quantiques du vide - Illustration Claire Eggermont

          Fluctuations quantiques du vide – © Illustration Claire Eggermont

          La validation expérimentale de la LQG pose des défis considérables:

          – d’une part parce que les effets prédits par la gravité quantique à boucles se produisent à l’échelle de Planck, soit environ 10-35 mètres. Et atteindre une telle échelle avec nos instruments actuels semble tout simplement impossible.

          – d’autre part parce que la théorie ne prédit pas directement des observables que l’on puisse mesurer en laboratoire. Elle décrit plutôt une structure fondamentale de l’espace-temps à une échelle où nos intuitions classiques ne s’appliquent plus.

          Malgré ces difficultés, les chercheurs explorent plusieurs pistes pour tenter de valider ou d’infirmer la gravité quantique à boucles. On peut mentionner trois exemples:

          • Cosmologie: En étudiant les premiers instants de l’univers, notamment à-travers l’analyse du fond diffus cosmologique (CMB), on pourrait trouver des traces de la structure quantique de l’espace-temps prédite par la théorie. Abhay Ashtekar et Aurélien Barrau ont par exemple réalisé des analyse prometteuses des fluctuations de cette première « image » de l’univers. La théorie pourrait ainsi expliquer certains aspects de l’inflation cosmique ou de la matière noire.
          • Structure de l’espace-temps: L’idée serait de mettre en évidence les quanta d’espace-temps à l’aide de rayons extrêmement énergétiques. Ce type d’instrument n’est pas disponible sur Terre, mais des rayons de ce niveau d’énergie sont générés dans l’univers par des évènements énergétiques cataclysmiques comme les sursauts gamma provenant de l’effondrement d’étoiles massives en trous noirs ou de la fusion d’étoiles à neutrons.
          • Phénomènes quantiques à grande échelle: Certains chercheurs explorent la possibilité que des effets quantiques de la gravitation puissent se manifester à des échelles plus grandes. Citons deux exemples:

          – Les fluctuations quantiques du vide: Le vide quantique, loin d’être vide, est le siège de fluctuations incessantes (voir la page « L’énergie du vide« ). Ces fluctuations pourraient induire de minuscules variations dans les constantes fondamentales de la physique, ou créer des champs gravitationnels fluctuants, qui pourraient à leur tour influencer le mouvement des objets célestes.

          – La non-localité quantique: La Mécanique Quantique permet à des particules d’être intriquées, c’est-à-dire liées de manière instantanée, quelle que soit la distance qui les sépare. Il est possible que la gravitation quantique permette une forme de non-localité encore plus fondamentale, qui pourrait se manifester à grande échelle.

          Δ  Ψ  Pour aller plus loin…

          • « L’Univers élégant » de Brian Greene : Ce best-seller explore les théories des cordes. Les concepts complexes de ces théories y sont présentés de manière claire et pédagogique.
          • « Quantum Gravity » de Carlo Rovelli: Cet ouvrage est une référence pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur la LQG. Il présente les fondements mathématiques et physiques de la théorie de manière détaillée.
          • « A first course in String Theory » de Barton Zwiebach : Ce livre est un manuel universitaire destiné aux étudiants en physique, mais il peut être abordé par des lecteurs ayant de solides bases en physique théorique. Il offre une présentation détaillée des mathématiques et des concepts sous-jacents à la théorie des supercordes.
          • Techno-Science : Ce site propose un dossier complet sur la théorie des supercordes: https://www.techno-science.net/dossier/theorie-supercordes-D28.html